Julien Baillon est un coutelier thiernois de grand talent, dont la perfection des mecanismes de blocage laisse rêveur. Il a même un couteau à palanquille, posé sur un coquillage sombre, qui se déverrouille soit en soulevant la palanquille, soit en appuyant dessus, l'acier se pliant pour soulever le ressort. Système qui a intéressé un de ses illustres collègues : Jean-Pierre Sucheras. Celui-ci prend le couteau, le regarde et soulève la palanquille. En voyant cela, Julien lui dit : "tu peux aussi appuyer dessus". Jean Pierre lui répond alors : "ah ! Ça se plie ? C'est génial, je vais te le piquer !". Notons que cet échange n'avait rien de négatif, étant donné que jean-Pierre était venu inviter Julien à une rencontre entre couteliers afin d'échanger leur savoir-faire : l'esprit coopératif et la cohésion qui règnent chez les couteliers thiernois sont impressionnants. Julien nous a également parlé de la réalité de son atelier, les hivers rudes, l'approche qu'il a de son travail - ses essais de trempe cryogénique, son rejet du système peu fiable dans le temps de verrouillage liner-lock et de l'épaisseur de ses lames de chasse - mais aussi de son amertume quant à certains commentaires qu'il avait pu lire ici et là sur la toile, sur son travail ou sur celui d'autres couteliers : parfois l'internaute ne se veut pas vexant mais prononce quand même de rudes critiques qui n'ont pas grand chose à voir avec la réalité du métier. Pour avoir manipulé les couteaux de Julien et avoir vu Seb en extase pendant une bonne demi-heure devant la table de Julien, je suis surpris que ce coutelier passionné, travailleur et talentueux ait à faire face à ce genre de commentaires : pour moi, son travail et son contact avec les visiteurs le placent vraiment au-dessus de tous soupçons.